Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, nous avons receu vostre dépêche par l’homme
2du receveur Lyonne, laquelle nous a mis en perplexité
3d’autant que ce vostre dernier mémoire est fort différent
4du premier que vous nous baillates à nostre départ touchant
5l’évocation pour le procès de Laval, auquel premier on y a
6satisfaict à la très grande diligence et travail de
7monsieur d’Hourche et vous souviendrés que par touttes
8les lettres que nous avez escrittes despuis, vous nous chargés
9de poursuivre l’effect de vozdits premiers mémoires que
10pourtoint de déclairer qu’il vous semble raisonnable
11que ledit procès feut évoqué du parlement de Daulphiné
12bien que les causes de récusations feussent par trop frivolles,
13ce que nous avons remonstré et dict et parlà [a] ledit sieur
14d’Hourche tant plus aisément obtenu la contraire évocation
15qu’il vous envoye. Néantmoins par ceste dernière
16dépêche vous désiré principalement que la cause demeure
17audit parlement du Daulphiné du moins que les récusations y
18soient iugées par messieurs de la court ou par autres.
19Monsieur, nous n’avons sceu comment remuer ceste
20besogne de nouvau et en temps que les lettres de
21contraire évocation de ce parlement de Paris ne font
22que partir du seau ny que d’estre commandées et signées
23de la propre main du roy et d’ung secrétaire des
24commandementz frère du premier président de Dijon et
25dressées de façon qu’il n’y peut avoir difficulté sur
26obreption et subreption, tellement qu'elles peuvent
27du tout satisfaire à vostre premier désir et à ce que aussi
28a touttesfins vous désirés par voz derniers mémoires;
29qu’a esté occasion, monsieur, que nous nous sommes résolus
30vous envoyer lesdites lettres et en avoit responses de vous advant
31[v°] advant que d’entrer en poursuitte de voz derniers mémoires,
32de quoy il vous plaira promptement nous faire une dépêche
33si vous y voulez arrester, il les fauldra promptement envoyer
34à Dijon si on peut avoir loisir, monsieur d’Hourche
35pour en avoir lettres particulières en leur matière au premier
36président et de monsieur Brulart son frère. J’ai congneues
37par les procédures que vostre partie ce faict scavant homme
38en cour laye. Je suis bien marry de le voir hurter
39contre vous et contre madame et estime que c’est
40le conseil des praqticiens qui débauche ung frant
41et bon naturel que i’ay toujours cogneu en luy. Je vous
42puis presque asseurer bien que la cause sera retenue
43en ce parlement, qu’il voudroit encor estre devant
44celuy du Daulphiné où la iustice est aussi bonne qu’en lieu
45du monde. nous verrons si néantmoins il faudra
46faire une présentation au privé conseil suivant le
47renvoi de ladite cour de parlement de Daulphiné.
48Pour ne nous laisser surprendre, faictes que ayons
49bientost de voz nouvelles.
50On sest enquis à moy quelz bons capitaines monsieur
51des Adretz avoit trouvé pour ses compainies. Je leur
52ay monstré le présent pourteur pour le premier. Je ne
53scay si les autres seront de l’estoffe on branle à les
54renvoyer chez eulx. Monsieur d’Hourche vous en pouroit
55escrire plus au long. Cependant, ce seroit grand bien
56au pays de ne haster pas fort la levée. On dict
57touttesfois qu’il se lève grand force en l’estat de
58Milan. Monsieur de Bellegarde part dans deux ou troys
59iours pour retourner en Piedmont. Les affaires tendent
60comme il semble plus à la con[signa]tion de la paix que
61à guerre avec le roy catholique. Néantmoins, ceulx
62[f° 186] de la religion coullent à trouppes en Flandre où le
63sieur de Guerchy en maine une bonne de gens de cheval.
64Si est ce que le gouverneur ou lieutenant de Dorlans a
65rompu ou dévalisé quelques companies sur les chemins
66qui y alloint. Ceulx-là auront esté sacrifiés pour le salut
67publiq et sera une expiation de ce qu’auroit esté
68par soubçon violé. On dict que le roy chatolique demande
69passage pour six mil hommes de pied et pour gens de cheval
70aussi qu’il veut faire passer en Flandres. il offre et demande
71ostages pour la seureté du passage, sur quoy se font
72plusieurs discours. Le duc de Médinaceli est abordé
73en Flandres avec cinq mil Espagnolz et avec force grande de ducatz.
74Celle querelle de flandres est presque aussi passionnée
75selon la diversité des religions qu’estoit la nostre,
76si est ce que la présumption est contre les gueulx ou
77huguenotz de ne pouvoir subsister, mais aux guerres
78civiles l’événement le plus souvent trompe les plus
79grandz entendementz.
80la companie de monsieur de Maugiron n’a pas esté obliée,
81mais on a bien cogneue que ce n’estoit pas bien son lieu
82et dict que c’est pour la mettre là par où sera
83monsieur.
84Les lettre d’évocation ont demeuré égarées chez le secrétaire
85qui les a faict sceller iusques à présent qu’est occasion que
86ne les avez peu plus tost avoir. je prie Dieu
87Monsieur, vous conserver en très bonne et longue vie.
88De Paris, ce XXIIe juin 1572.
89vostre très humble serviteur
90Chastellard
91de Boczosel
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